Instants suspendus sur le bateau de retour Hurtigrutten

Ambiance Agatha Christie à bord, une vague nonchalance de rentiers calmes d’un autre siècle, échappés d’un palace azuréen, qui frôlent l’ennui avec insistance, quelques rares hommes d’affaires pendus au téléphone en plusieurs langues, peu d’ordi, 0 jeunes car même les cyclorandobobos embarqués à la sauvette sont assez âgés pour s’offrir le passage et les consommations à tarif norvégien…

L’alcool et le vrombissement feutré des machines bercent cette patiente traversée. Dans l’attente de quoi ?

La surprise ou la fête ne semblent pas au programme. C’est la vie en pente très très douce, confite dans la satisfaction peut-être, dans l’angoisse sûrement.

Le panorama incroyable qui se déroule à 360⁰ sous nos yeux, au travers des hublots astiqués plusieurs fois par jour peut-il consoler notre anxiété existentielle ?
Au plaisir de la découverte du palace flottant et de son confort feutré succède l’effroi d’imaginer passer plusieurs jours à bord. Et encore. C’est sans compter les excursions en car, le folklore vestimentaire et les effets grégaires. Ne voyez là aucun mépris, un juste réajustement de mon désir sur des choses plus simples peut-être. Ou l’angoisse qui a mon tour me saisit d’imaginer avoir envie « de ça ». Peut-être un jour, plus tard.

Je vais retourner à mon vélo de croisière, qui m’épuise et me traîne, me moud le fondement, mais qui m’offre une liberté égoïste sans prix…

Laisser un commentaire